Friday, September 30, 2016

Prendre la bonne décision


Valable dans les quotidiens de chacun, cette petite phrase aux apparences anodines l'est nettement moins à bord d'un bateau en voyage en période cyclonique. 

Comme l'année dernière où nous avions opté pour Trinidad et Tobago, cet été encore nous avons décidé de nous éloigner de la zone géographique définie comme ''à risques''. Cette région évolue d'un site à l'autre,  d'un contrat d'assurance à l'autre...
Préférant se fier plus aux faits qu'aux théories, nous avons choisi cette année de passer le pic de la période à Curaçao. 
Si l'on étudie l'historique des trajectoires de cyclones, aucun n'a jamais touché cette île. De plus, on en a déjà parlé, le lagon intérieur de Spanish Water est un abri idéal,  si toutefois... 

Et, il a suffi que Ti'Amaraa soit sur zone pour que le ''toutefois'' fasse des siennes. 
Dans le dernier article le 20 septembre, alors que nous étions prêts à lever l'ancre vers la Colombie, on émettait déjà des réserves quant à une perturbation atlantique et un coup de vent prévu vers le 29/30 septembre. 
Nous étions à 10 jours de l'éventuel coup dur. Il y avait toutes les chances que ce soit une fausse alerte. 
Deux jours plus tard, patatras ! Les modèles de prévisions météorologiques dessinent une énorme dépression enroulée de type cyclone avec une trajectoire droit sur nous à 8 jours.
On a beau se dire que c'est trop tôt pour se prononcer, que c'est certainement pessimiste, qu'il reste du temps et que pleins d'autres hypothèses d'évolutions sont possibles, il n'empêche que nos esprits focalisent sur les plus de 70 nds (près de 140 km/h) de vent annoncés sur Curaçao.
- C'est PAS PO.SSI.BLE !!!! Y a jamais eu de cyclone ici !!!
Sans vouloir jouer les Calimero, on se dit quand même qu'on n'a pas de bol pour le coup.
Les prévisions de pressions atmosphériques descendent en emportant notre moral. 
Que faire ?
On ne peut être mieux qu'à Spanish Water pour accueillir une vilaine bestiole.
Oui mais, s'il y a vraiment le vent annoncé voire plus, rien ne tient bien nulle part lorsque ces forces sont en jeu. Par le passé,  il y a malheureusement des antécédents de tempêtes prévues transformées en vilains cyclones en quelques heures. 

Deux options s'offrent à nous: 
- Rester et se préparer à gérer ces 24 à 48 heures de pluies diluviennes et de fort vent. 
- Déguerpir vers la marina colombienne où une place nous attend. 

Un nouveau conseil d'administration extraordinaire du bord est organisé.
Si on zappe vers la Colombie,  on oublie les mouillages intermédiaires et le tourisme. On trace direct et on sera à quai avant le dit passage.
Sauf qu'il y a ce week-end là plus de 25 nds de vent sur le Cabo Vela et de la houle. Pas idéal du tout... 
Aussi , partir au large dans cette région déjà atypique point de vue navigation avec un hypothétique cyclone sur les talons ne nous enchante guère.
La problématique du jour:
Entre la peste et le choléra ?
La conclusion du jour:
Attendre et si sous deux jours la configuration à plus de 60 nds sur Curaçao est maintenue, on s'en va. Tant pis pour les conditions de navigation au Cap. Quite à être secoués,  autant avancer. 

Jour après jour,  nous téléchargerons les fameux fichiers gribs, suivrons les prévisions et surtout les extrapolations de trajectoires. 
L' intermède ''WiFi à terre/météo '' est devenu rituel. On y croise nos voisins eux aussi le nez dans leurs smartphones à déchiffrer des barbules colorées. 
Les trajectoires évoluent doucement dans le bon sens pour nous en s'écartant vers le nord.
Décision est donc prise à l'unanimité (même Léon),  on reste à Curaçao. Ça ne va peut-être pas être une partie de plaisir mais c'est ce qu'il nous semble le plus sage.
Est-ce la bonne décision ?
L' avenir nous le dira. Nous l'avons prise ensemble, nous gèrerons ensemble. 



Lundi 26, soit à 72h de son arrivée sur l'arc antillais, les modèles font encore frôler les moustaches de la dépression de notre position. Plus de 40 nds en rafales sont annoncés.