"Fin juin sera consacré à la maintenance de Ti'Amaraa à Trinidad" avions-nous dit. Nous avons tenu parole.
Nous avons vraiment le sentiment d'être au meilleur endroit de la Caraïbe pour ce type d'activités. Tous les corps de metier sont présents, disponibles, ponctuels, rapides, sérieux ... et moins chers qu'ailleurs. Tout est environ 30% à 50% moins cher que dans les Antilles françaises.
Nous avons vécu une quinzaine active d'abord sur bouée devant le chantier puis à terre.
L'amarrage sur bouée est secure. Simon, le gestionnaire souriant a tout mis à neuf et propose la nuit pour 5 us$.
Nous avions pris rdv depuis plusieurs semaines chez Powerboats pour le grutage.
Dès notre arrivée (10 jours avant le grutage), nous avons échangé avec le responsable de la partie cata car leur chariot ne nous semblait pas adapté à notre bateau. N'ayant effectivement jamais sorti de Lagoon 39, Don est venu au mouillage vérifié et côté notre Ti'Amaraa pour s' assurer et nous assurer que tout allait bien se dérouler.
Le jour prévu, nous nous présentons dans l'étroite darse par un bon vent de travers (25 nds). Le Cap vise pour aligner nos étraves dans les 2 berceaux. Impec ! Le tour est joué, il ne reste plus qu'à positionner les plateaux sous la nacelle et soulever le pépère. Et ce qui devait arriver arriva. Le dessous de notre nacelle tout en design et en courbe, certes d'une efficacité redoutable pour passer la vagues, reste un casse tête pour Don habitué aux nacelles de forme rectangulaire. Impossible de lever Ti'Amaraa. Il y a des fois où l'on se dit que l'on ne devrait suivre que son instinct... Bref ...
Don s' excuse, il n'y arrivera pas.
Ok mais on fait quoi nous au milieu de la darse ??
La seule issue pour caréner à Trinidad est le chantier Peake, voisin et farouche concurrent de PowerBoats mais qui possède le seul lift capable de soulever des multicoques.
Hors de question de rester en plan, on demande à Powerboats de les appeler pour nous "pistonner". On sent bien que ça leur coûte : un de perdre un client et deux de le faire savoir.
Malheureusement l'heure et le vent ne sont pas aux sentiments...
Coup de bol un Lagoon 380 vient de se désister.
Peake jubile et peut nous prendre sous une heure. Pour eux aussi c'est leur premier Lagoon 39.
En moins d'une heure tout est réglé. Merci à notre bateau copain Marie Galante pour le "water taxi" entre les chantiers pour les paperasseries et pour le reportage photo.
Donc au final :
Extraction du maudit chariot
Reprise d'une bouée pour une heure
Pas de bouées de Simon disponibles
Négocier avec l'autre gestionnaire qui veut nous faire payer une journée complète alors qu'on reste 1 heure.
Re manoeuvre dans une nouvelle darse
Et tout ça. .. avec re 25 noeuds...
Il y a des jours comme ça.
Enfin, on amarre, on cale avec l'aide de 4 techiciens de Peake qui nous attendent aux 4 coins du cata. Tout est nickel. Le top du top 2 gars filent à l'eau et verifient en plongée le passage des sangles sous les coques pour être certains de ne rien abîmer. Waouuu du jamais vu !
Certes la prestation chez Peake est un peu plus chère que chez Powerboats mais force est de constater que ce n'est ni le même matériel, ni le même niveau de services. Et cela ce confirmera pendant notre semaine à terre (sanitaires, laverie, assistance technique...).
Reprenons au grutage :
Non sans une petite boule au ventre, nous observons notre Ti'Amaraa s' élever doucement dans les airs pour la première fois après 14 mois de baignades au long cours.
Malgré la transat et les mois dans les tropiques, l'antifouling est en assez bon état.
Encore une fois merci à l'équipe de préparateurs de notre concessionnaire Lagoon : Chemins d'Océans !
Les passages du waveblade par le Cap avant et après la transat ont aussi permis d'avoir cet état de surface boue/algue sans coquillages ou autres concrétions. Et ce sans abîmer l'antifouling ! On recommande encore une fois cet outil dans la liste du bord d'un bateau de voyage.
Un ponçage léger, un épargnage et les 2 coques ont pu recevoir leurs 2 couches d'antifouling.
Sur les conseils d'Alain, spécialiste nautique et préparateur, nous avons doublé, triplé ... enfin sacrément accentué les couches d'antifouling aux étraves et au niveau de la ligne de flottaison. Ceux sont en effet ces zones qui souffrent le plus entre les frottements et les UV. Résultats au prochain carénage...
En complément de la longue "to do list" classique d'un carénage, voici quelques aménagements/améliorations apportées à notre monture :
- Nous avons changé les assises des balcons avant. Livré avec des sièges en contre plaqué marine, nous avions un doute sur la longévité compte tenu de la couleur noirâtre que prenait les planches. Ti'Amaraa possède à présent 2 belles assises en Teck assorties aux listons. Il a belle allure.
- Comme la règle du bord est de ne rien jeter ou gaspiller, les "vieilles" assises ont été découpées, poncées, assemblées, collées. Elles sont recyclées en marches facilitant l'accès dans les fonds de cales avant et moteur. Cet aménagement nous semble fort utile voire indispensable car les cales sont profondes et exiguës. Une blessure est vite arrivée, foi de petit orteil du Cap
- On en avait parlé. C'est fait ! Et bien fait! Après une prise de côtes hyper minutieuse (7h) et un boulot d'ajustement remarquable (3h), annexe et moteur ont un joli costume assorti au colori du bateau. Le "taupe" non ?
Nous avons choisi la société Superb Canvas basée dans la zone technique de PowerBoats justement pour qu'ils puissent travailler tranquille sur notre annexe pendant que nous serions à terre. Shawn et son équipe ont été extras. Ils ont réalisé le boulot en un temps record. Ils n'ont pas non plus rechignés à deplacer leur technicien pour venir faire les ajustements chez Peake. Un service et une qualité de finition irréprochables !
- Nous avons aussi démonté en préventif le tuyau d'évacuation des WC proprio (qui nous avait joué un tour en transat après 8 mois de vie à bord). Bilan 7 mois plus tard : Nickel !!! On constatera un début de dépôt de calcaire uniquement dans les parties stagnantes de l'ensemble mais on est bien loin du bouchon. C'est une super bonne nouvelle ! Le traitement préventif trimestriel à l'acide acétique doublé d'un meilleur rinçage à chaque utilisation se révèlent donc hyper efficaces.
Nous maintenons tout de même dans notre gamme de maintenance cette opération annuelle. C'est tout de même bien plus confortable de passer une matinée à travailler sur un réseau préalablement rincé et javelisé qu'attendre la panne. Ayant déjà joué une fois et en nav en plus, pour nous c'est sans appel.
On vous fait grâce de la longue liste de tous les démontages de pompes (groupe d'eau, vidange de douche...). Ces équipements sollicités quotidiennement requièrent une attention particulière que nous avons estimée annuelle.
Dernier point et pas des moindres.
Sur les conseils du capitaine de MilPat, Lagoon 450, qui a vu subitement son gennaker tomber à l'eau, la Cap a hissé son Cap en haut du mât pour vérifier les points de ragage des drisses. Bien nous en a pris. La drisse du code zéro/parasailor était usée à plus de 50% au niveau du point d'amure. Il faut dire qu'entre la transat sous Parasailor et une utilisation plus que fréquente du code zéro, elle a été sacrément sollicitée ces 14 derniers mois. On peut parler d'usure "normale". Rétrécie de 20 cm, un noeud de chaise tout neuf, et c'est reparti.
Petite astuce du Cap : le point de ragage a été enduit de graisse silicone pour atténuer la friction. Nous verrons bien s'il y aura un effet positif au prochain contrôle.
Fatigués mais avec le sentiment du boulot accompli, nous avons remis notre Ti’Amaraa à l'eau.
Nous avons tout fait par nous même. D'abord, nous n'avons pas les moyens de tout sous-traiter. Et puis surtout parceque nous souhaitons connaître notre bateau par coeur des dérives à l'anémomètre. On a pisté les reseaux, les vannes, les câblages... Nous avons l'impression d'encore mieux connaître notre Ti'Amaraa à présent.
Une chose est certaine, nous avons fait le bon choix. Le Lagoon 39 est idéal pour un voyage au long cours à 2. Il est suffisamment grand pour nous faire voguer en sécurité et suffisamment petit pour l'entretenir à 2. On vous garantit qu'à la fin des couches d'antifouling sur nos coques respectives on était ravis de n'avoir "qu'un 39 pieds".
Ce soir, nous vous écrivons en direct de Scotland Bay. Ancré dans un mouillage sauvage et paisible, nous avons troqué les bruits de lifts et de ponceuses pour le chant des oiseaux et les cris des singes hurleurs.
Même le reseau 3G se met en vacances par ici. Donc pour les photos il faudra attendre un petit peu.
Il est temps pour nous de profiter de Trinidad qui semble si belle et si exclusive.
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