- Si on se faisait un stop à Carthagène avant de reprendre la route vers le nord ?
- Oui mais, normalement on devait pas tracer directement vers San Andres ?
Depuis notre premier séjour dans cette ville surnommée la Reine de la Caraïbe, l'envie d'y emmener Ti'Amaraa trottait dans la cabeza de l'équipage. Le mouillage est certes donné pour être agité par les incessants va et vient de vedettes rapides mais la tentation est trop forte.
De plus, la météo s'est mêlée à notre prise de décision cornélienne. Le vent souffle fort depuis que nous sommes revenus à bord. Le tampon est à 30 nds tous les jours accompagné d'une houle au large peu engageante. Un petit calme de deux jours et annoncé mais aussitôt suivi par trois jours de coup de vent.
La distance qui sépare Puerto Velero de San Andres est de 400 nm (environ 800 km), soit 3 jours de navigation. Nous n'avons pas le cœur à nous lancer avec une telle météo au train, surtout pour une reprise après plusieurs mois à terre.
Un nouveau conseil d'administration extraordinaire de l'équipage est convoqué.
Ordre du jour : Changement de programme
À l'unanimité, Léon compris, nous décidons donc de faire route vers la Belle, en attendant de meilleurs hospices météorologiques.
Les fichiers météos prévoient 10 à 15 nds de vent au portant, au moins pour la première moitié de la route. Cette zone est réputée pour ses rivages sans vent. Aurons nous Éole avec nous ?
Au final, il aura été là et bien là en nous ouvrant un bon 20/25. Ti'Amaraa voulait se dégourdir les coques. Il est servi. On file sous Parasailor aidé d'un léger courant favorable. Si ce n'était pas la houle 3/4 arrière de deux mètres, on pourrait presque se croire sur un tapis roulant.
Équipage et bateau reprennent leurs marques comme s'ils s'étaient arrêtés la veille.
La Cap' souffle car elle craignait le retour de son Voldemort détesté après ces semaines loin des flots. Nada !! Désolés les poissons, elle n'appâtera pas 😉.
Ti'Amaraa glisse et se fraye un sillon parmi les eaux boueuses et les troncs charriés par les rivières.
Au passage du Cap Santa Rita (Sainte des cas désespérés, d'après nos tablettes), l'anémomètre s'affole, le speedo aussi, seul l'Imperator Parasailor reste imperturbablement gonflé et rebondi comme une montgolfière. Nous sommes tous les deux aussi tendus que les écoutes... Et ça passe comme souvent après un cap. On récupère nos 20/25 nds et notre vitesse de 8/9 nds.
En 6h, nous sommes à l'entrée du célèbre mur immergé de Boca Grande.
Passagers du Ti'Amaraa Cartagena Express, Bonjour !!!
Pour sûr, ça change de notre trajet en bus.
Le mouillage n'est pas si bondé ni agité qu'on ne le craignait. Nous y trouvons une belle place près du club nautico.
N10°24.57 W75°32.55
Face à nos étraves, la vieille ville, Sur bâbord, Boca Grande et sa skyline aux faux airs de Manhattan.
Sur tribord, le quartier Manga et ses tours résidentielles.
Être dans cette escale mythique avec notre Ti'Amaraa nous laisse sans voix, et sans mot pour vous le décrire.
On avait beaucoup lu avant le départ, rêvé de cette route, de cette ville à deux pas du Pacifique.
Nous, y sommes.
Déjà passé les portes de Cartagena avec notre bateau est un moment fort, mais le soir, lorsque l'horizon se dessine en s'illuminant d'étoiles aussi belles qu'artificielles, nous en restons bouche bée. Comme deux enfants devant leur premier sapin de Noël, nous regardons émerveillés les scintillements et les lueurs en 360° autour de notre maison flottante. Presque chaque maison, chaque appartement est décoré, illuminé. Tout n'est que couleurs et fête. Nous voulions voir Cartagena parée pour Navidad. Nous ne sommes pas déçus.
Cartagena vue de la mer c'est vraiment beau, avec la magie de Noël, c'est juste inoubliable.
Cette escale nous aura aussi permis de découvrir une autre facette de cette ville grâce à Laurent, heureux capitaine de Rêve de ..., croisé aux Roques et à Curaçao, retrouvé ici au mouillage.
Sachant que nos frigos criaient famine, ils nous a emmené au marché. Pas celui des guides touristiques, celui des gens ''en vrai''.
À quelques minutes du riche secteur résidentiel où nous sommes ancrés, nous nous retrouvons dans un barrio surprenant. D'une rue à l'autre, on passe du grand mall à l'américaine , au quartier très populaire et son marché.
S'ils ne parlaient pas espagnol, on se croirait dans le souk de Rabat/Salé.
À deux pas du Cartagena, bon chic bon genre, nous déambulons dans des ruelles aux abords chargées d'étalages. Le secteur poisson en plein air est difficilement soutenable pour nos narines européennes. Il semble cependant fort apprécié par les chats du cru.
Ça s'améliore côté viande même si on est loin des standards de la chaîne du froid.
Mais dans ce labyrinthe de senteurs, c'est dans les ruelles ''fruits et légumes'' que le charme opère pour nous et notre porte-monnaie. Des ananas énormes et juteux pour 2000 cop (0.7€).
Des poivrons alléchants pour 4000 cop le kilo.
Des avocats géants, des tomates écarlates, des salades craquantes, des melons sucrés au soleil Caraïbe....on en passe !!!
On frôle l'overdose.
Nous sommes bien sûr les 3 seuls européens à la ronde. À aucun moment, à la différence des souks, nous ne sommes interpellés par les vendeurs, ni même regardés de travers.
Au contraire, certains nous donnent l'impression d'être amusés par notre présence, notre espagnol et semblent même ravis que l'on consomme leurs produits. On marchande un peu, toujours avec le sourire. Et l'on repart avec plusieurs kilos de légumes et fruits tropicaux frais pour moins de 6€.
C'est ça aussi Cartagena.
Merci Laurent 👍.
Côté nautisme, si à première vue les trois petits ships semblent peu achalandés, nous y avons trouvé (presque) tout ce que nous cherchions, dont en particulier du stock de pièces de maintenance chez le distributeur Yanmar beaucoup moins cher qu'en Martinique.
Les magasins de bricolage ne manquent pas non plus. Décidément, Ti'Amaraa a été gâté pour Noël.
Justement, le 25 approche, et nous avions envie d'être dans notre bulle éloignés des tumultes de la civilisation citadine.
Cartagena offre de magnifiques mouillages plus ou moins isolés sur l'archipel de Rosario et sur l'Isla Baru à 15/20 nm.
C'est donc en direct d'un des recoins de cette dernière que nous vous envoyons cette carte postale. Nous sommes le seul bateau de voyage à la ronde dans ce dédale de bras de mer et mangrove qu'est ce Parc National '' Los Corales del Rosario y San Bernardo''.
Quelques maisons et quelques notes de musique témoignent de la présence de locaux à terre. Nous partageons en journée le plan d'eau avec des kayaks ou des pirogues du coin et des propriétaires de vedettes rapides venues passés la journée à la plage avant de rentrer dans leur belle grande Cartagena.
Compte tenu de l'étroite passe d'entrée, peu de chance que le Père Noël nous trouve dans notre trou de souris, tant pis....de toutes façons nous n'avons pas de cheminée et les rennes vont galérer avec cette chaleur.
Feliz Navidad
Joyeux Noël
Merry Christmas
Buon Natale
Frohe Weihnachten
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