Un jour, lorsque j'avais 8 ou 9 ans, ma tata Vivian, celle qui vit en Allemagne (pour être honnête, je n'en ai pas d'autres) m'a offert une trousse à crayons comme celles qu'utilisent les écoliers allemands. C'était une sorte de pochette rectangulaire rouge qui, lorsqu'on en ouvrait la fermeture éclair, dévoilait d'un seul coup tout son contenu. Sur le pan de gauche, il y avait, entre autres, une petite gomme en plastique lisse rose, un crayon à papier à la pointe bien taillée et une petite règle transparente (elle ne devait pas dépasser 20 cm) tandis que, à droite, huit feutres, si je me souviens bien, avaient soigneusement étés rangés par couleur, le jaune à une extrémité et le noir à l'autre. Chaque accessoire était retenu par un ruban élastique blanc, ce qui permettait, à ma plus grande satisfaction, d'ajuster tous les feutres à la même hauteur.
Des que l'ai prise en main, je n'ai eu qu'une seule hâte : celle d'amener ma nouvelle trousse en classe. Ma maman, elle, ne le voyait pas de cet œil. "Tu l'utiliseras quand tu entreras en sixième" a t'elle décrété et la trousse est allée, à mon plus grand regret, rejoindre le reste des fournitures scolaires dans l'armoire coulissante située sous l'escalier de la maison. De temps en temps, je la sortais quand même de sa cachette pour savourer le bruit que faisait la grosse fermeture éclair lorsqu'on l'ouvrait et admirer ma jolie gomme, que les râtures n'avaient pas encore courbées, et mes feutres bien alignés. Je remettais alors la trousse à sa place, comme une petite fille sage et obéissante.
Le jour de la rentrée au collège a fini par arriver. J'étais grande maintenant et, en ce jour ensoleillé, je portais une jupe en jean comme les filles à la mode de l'époque, un t-shirt à manches courtes et un sweat-shirt savamment jeté sur les épaules (une idée de ma mère). Fébrile, je suis allée chercher ma trousse sous l'escalier. Je l'ai ouverte, comme je l'avais fait tant de fois avant, avec cette fois l'intention d'en utiliser le contenu. J'ai libéré quelques feutres de l'emprise des élastiques, j'étais sur le point de faire un dessin lorsque j'ai du me rendre à l'évidence : les feutres avaient séché.
***
Lorsqu'on a un jardin, c'est très tentant d'attendre le bon moment pour cuisiner sa récolte. Une Ronde de Nice, d'accord, mais je prefererais en avoir deux pour le dîner. Une poignée de tomates cerise ? Il y en aura d'autres demain, je ferai un crumble lorsqu'il y en aura assez. Attendre, croyez-moi, c'est le meilleur moyen de transformer sa précieuse récolte en compost. Lorsque je rentre du jardin avec de modestes quantités de légumes, plus question d'attendre "d'en avoir assez" pour en savourer les saveurs, je prépare une soupe inspirée du minestrone italien et tant pis si la saveur de la courgette se perd un peu dans le bouillon, les courgettes farcies peuvent bien attendre.
La soupe aux légumes du jardin
Ingrédients pour 4 épicuriens
1 cuillère à soupe d'huile d'olive
1 cuillère à soupe de concentré de tomate
2 gousses d'ail écrasées
1 branche de romarin
3 à 4 branches de thym
3-4 pointes de couteau de piment d'Espelette (ajuster en fonction du goût)
1 oignon finement émincé
les côtes d'1/2 botte de blettes coupée en rondelles
1 carotte pelée et coupée en rondelles
1 courgette pelee et coupée en dés
600 g de pommes de terre pelées et coupées en dés
100 de haricots (beurre, verts ou violets) coupés en trois
1 litre environ d'eau ou de bouillon
sel et poivre au goûtPréparation
Dans un faitout, faire revenir l'oignon, la carotte et les côtes de blettes dans l'huile d'olive à feu moyen jusqu'à ce que l'oignon soit transclucide, 5 minutes environ. Ajouter l'ail, faire revenir 1 minute supplémentaire, puis ajouter le concentré de tomates, les herbes et le piment, ainsi que la courgette, les pommes de terre et les haricots. Verser suffisamment d'eau ou de bouillon de légume de sorte à couvrir les légumes, porter à ébullition puis laisser mijoter jusqu'à ce que les pommes de terre soient tendres. Rectifier l'assaisonnement et servir bien chaud.
Confession
Je viens de découvrir le piment d'Espelette et son petit goût fumé : mais comment faisais-je avant ?
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